La société pakistanaise, très islamisée, vise systématiquement les chrétiens et les isole du reste de la population. Avec les lois anti-blasphème, les chrétiens vivent avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête.
Si l’attentat planifié contre des églises à Lahore à l’occasion de Pâques a été déjoué l’année dernière par les forces de sécurité, il rappelle que l’extrémisme islamique est toujours très présent et actif au Pakistan.
L’armée mène une campagne ambiguë contre les extrémistes islamiques, dans le cadre d’une politique faisant une différence entre « bons » et « mauvais » djihadistes. Elle va par exemple combattre le groupe État Islamique mais coopérer avec des groupes tels Jamaat-ud-Dawah et Haqqani qui permettent au Pakistan d'avoir une influence en Inde et en Afghanistan.
L’emprise sur la jeunesse d’un important réseau de madrassas, dont les financements et la nature des enseignements échappent au contrôle du gouvernement, constitue un autre facteur de violence, en particulier envers les minorités religieuses. Les lois sur le blasphème, sujet provoquant des réactions très violentes des religieux les plus fanatiques, reste une épée de Damoclès pour les minorités religieuses. En cas de rumeur de blasphème, les foules s’en prennent systématiquement aux chrétiens.
Si les églises historiques bénéficient d’une relative liberté, elles continuent d’être la cible d’attentats et les responsables reçoivent régulièrement des menaces de mort.
Les chrétiens sont souvent discriminés, paupérisés et marginalisés socialement, parfois contraints à des travaux forcés.
Posséder une bible, s’exprimer sur les réseaux sociaux ou encore porter une croix suffit pour se faire agresser par son entourage ou par les autorités.
30 août 2017 - Sharoon Mashi, 17 ans, a été mortellement agressé par Raza Ahmed, un autre lycéen de Vehari, au Pendjab. L’attaque s’est produite en classe, au deuxième jour de la rentrée scolaire. Sharoon était haï par ses camarades et ses professeurs à cause de sa religion chrétienne.
13 juillet 2017 - Un jeune Pakistanais de 16 ans, Shahzad Masih, a été arrêté après avoir été accusé par son collègue Ishtiaq Ahmed Jalali d’insulte envers le prophète de l’islam, un blasphème passible de la peine capitale. Employé comme agent d’entretien à l’hôpital de Dinga, Shahzad avait parlé de sa foi et avait eu une vive discussion avec Ishtiaq.
5 juin 2017 - Irfan Masih, un chrétien de 35 ans, est mort à l’hôpital de Umar Kot parce que trois médecins ont refusé de le soigner. L’homme, intoxiqué alors qu’il curait des égouts, n’a pas été pris en charge parce qu’il était sale, qu’il était chrétien (de caste inférieure) et que c’était la période du ramadan.