En janvier 2015, suite aux attentats de Charlie-Hebdo, plus de 70 églises étaient saccagées au Niger. Que vivent les chrétiens 3 ans après ?
Les chrétiens du Niger restent vigilants, trois ans après les attaques qui ont visé plus de 70 églises. La plupart de celles qui avaient été détruites ont été reconstruites. La minorité chrétienne se réjouit de pouvoir vivre à nouveau sa foi après les heures sombres de 2015, mais l’atmosphère a changé…
Pour le pasteur Sabo Batchiri, Secrétaire Général de l’AMEEN, (Alliance des Missions et des Eglises Evangéliques au Niger), « des cendres, Dieu a fait surgir la beauté; les nouveaux bâtiments sont plus beaux, plus visibles ». Et d’ajouter: « Notre foi a été fortifiée ! ».
Faire taire les chrétiens
Pendant le week-end des 16 et 17 janvier 2015, suite aux attentats de Charlie-Hebdo et à la visite à Paris du président nigérien Mahamadou Issoufou avec cinq autres chefs d’Etat africains, des islamistes en colère avaient saccagé des lieux de cultes, des écoles ou œuvres chrétiennes, un orphelinat et des propriétés appartenant à des croyants. « Les violences cherchaient à faire taire la voix des chrétiens », explique le pasteur Samaila Labo, après la reconstruction de son église, l’une des plus importantes de la capitale, Niamey.
Les meneurs impunis
Le gouvernement s’était engagé à reconstruire les églises saccagées avant de se rétracter, et promettant ‘un soutien’ à la reconstruction. Mais l’AMEEN a décliné l’offre de l’État, confiant dans la générosité des croyants et le soutien des organisations chrétiennes de bonne volonté.
Le pasteur Batchiri déplore cependant qu’aucune victime n’ait été indemnisée, contrairement aux promesses gouvernementales. D’autre part, quelques dizaines de personnes ont été arrêtées, des pillards et des manifestants en colère, mais pas les meneurs des attaques de ces jours sombres que l’impunité peut rendre encore plus audacieux.
Malgré la joie de la reconstruction, le traumatisme demeure pour la minorité chrétienne représentant à peine 2% des 20 millions de Nigériens. Le pays ne connaît plus la cohabitation tolérante d’avant 2015.