Le 9 janvier à Linfen (province du Shanxi) une forte détonation a réduit en quelques secondes une imposante église en un monceau de décombres, tandis qu’un dispositif policier anti-émeute gardait les chrétiens et les curieux à distance (vidéo). « Mon cœur est triste. Je crains que d’autres églises subissent le même sort », confie un pasteur. Le 20 décembre, une église de cette province avait déjà été démolie, tout comme une église du Xingjiang le 27 décembre.

Pourquoi de tels actes ?

Construite en 2008 et forte d’environ 50 000 membres, l’église de Linfen était bien connue des autorités mais elle ne faisait pas partie du « Mouvement Patriotique des Trois Autonomies », un groupement d’églises contrôlé par l’État. Dès 2009, un bras de fer a opposé les autorités chinoises aux responsables de cette église « occupant illégalement des terres agricoles ». De son côté, l’administration locale voulait racheter le bâtiment et, pour avoir refusé la vente, le responsable de l’église Yang Rongly a été emprisonné de 2009 à 2016, puis placé sous contrôle judiciaire.

Bras de fer à haut niveau

Pourtant, plusieurs observateurs affirment que l’église de Linfen n’a pas été détruite pour une raison de cadastre. Cette « figure de proue » de la communauté chrétienne dérange par sa taille, ses activités et ses connections avec des organisations étrangères. Pour le gouvernement, c’en est trop. Au Congrès, en octobre dernier, le président Xi Jinping a souligné que les religions devaient « se conformer à la société chinoise socialiste ». Dans cette perspective, une révision de la loi sur les religions est en préparation. Elle sera mise en œuvre le 1er février prochain.

Changements stratégiques

Des responsables d’églises ont déjà déclaré qu’ils se préparaient à des restrictions de liberté à partir du 1er février. Si leurs églises devaient être fermées ou démolies, ils envisagent de fractionner les communautés chrétiennes en assemblées de moins d’une centaine de membres, voire en groupes d’église de maison.

Avec près de 100 millions de chrétiens, l’Église de Chine représente la plus importante force sociale non contrôlée par le Parti Communiste. La Chine est placée au 43e rang de l’Index Mondial de Persécution des Chrétiens 2018 qui vient de sortir.