Les chrétiens doivent garder leur foi secrète. S’ils sont découverts, ils sont envoyés aux travaux forcés jusqu’à ce que mort s’en suive.
C’est le régime le plus fermé au monde. L’arrivée au pouvoir de Kim Jong Un n’a été en aucun cas synonyme d’ouverture économique ou diplomatique : au contraire, la Corée du Nord s’isole de plus en plus, les tirs de missiles et la rhétorique guerrière du leader menant à un raidissement de la communauté internationale. Le septième Congrès du Parti en 2016 a consacré le renforcement de l’idéologie et du rôle du leader.
Les Nord-Coréens sont dirigés d’une main de fer, selon deux idéologies : le « juche » qui prône l’autosuffisance de l’être humain et le culte de la personnalité dû à la dynastie des Kim, maîtres du pays depuis trois générations. Le christianisme continue d’être perçu comme une pensée occidentale nuisible qui doit être éradiquée. Le système d’endoctrinement encourage les voisins et même l’entourage familial à dénoncer à l’État ceux qu’ils suspectent d’être chrétiens. Les chrétiens qui n’auront pas réussi à garder leur foi secrète seront arrêtés, envoyés dans des camps voire exécutés, avec leurs proches. Plusieurs dizaines de milliers d’entre eux sont emprisonnés ou internés dans des camps de travaux forcés.
La persécution des chrétiens en Corée du Nord dure depuis plus de soixante ans. Avant 1945, il y avait environ 500 000 chrétiens. Pyongyang, la capitale actuelle, était surnommée « la Jérusalem de l’Orient ». En 1955, toute trace visible du christianisme a été effacée. Le dictateur Kim Il-Sung et son fils, Kim Jong-Il, n’ont pas hésité à chasser les familles chrétiennes sur 4 générations.
Lors de la famine des années 1990, des Nord-Coréens ont pu avoir accès au christianisme via la frontière devenue plus poreuse avec la Chine. La politique migratoire intransigeante chinoise, qui renvoie tout réfugié nord-coréen en situation illégale vers son pays d’origine, les condamne à une mort certaine, notamment en cas de contact avec des chrétiens chinois.
L’église nord-coréenne est entièrement souterraine et secrète, l’État faisant peser une pression indescriptible sur les chrétiens. Les enfants sont formés à dénoncer leurs parents.
Ces exemples ne sont pas représentatifs. Les faits de persécution dont sont victimes les chrétiens nord-coréens ne peuvent pas être dévoilés par sécurité.
9 août 2017 - Le pasteur coréo-canadien Lim Hyeun-soo a été libéré pour raisons de santé. Il avait été condamné à la prison à vie pour « tentative de renversement du gouvernement » alors qu’il était impliqué dans l’aide humanitaire. « L’hiver, je devais creuser des trous dans le sol gelé. C’était horrible : le haut de mon corps transpirait alors que le froid mordait mes doigts et mes orteils », dit-il.
3 juin 2017 - Probablement dénoncé, Kim Seung-mo, 61 ans, a été arrêté à son retour en Corée du Nord, après avoir rendu visite à sa famille chrétienne dans la province frontalière de Jiling, en Chine.
6 mai 2017 - Kim Hak Song, un chrétien de nationalité américaine, a été arrêté à l’Université de Sciences et de Technologie de Pyongyang alors qu’il s’apprêtait à quitter le pays. Il a été accusé « d’actes hostiles envers l’État » pour avoir soi-disant appris aux Nord-Coréens à devenir autosuffisants par le biais d’une ferme expérimentale.