Ce dimanche, l’Égypte. L’année dernière, le Pakistan. L’année d’avant, le Kenya. Les attentats contre des chrétiens à la période de Pâques vont-ils devenir un inexorable «marronnier*» ? Pourtant à chaque fois, les signes avant-coureurs étaient là.
Égypte : encore un drame malheureusement prévisible
- Deux semaines auparavant, mercredi 30 mars, les forces de sécurité égyptiennes avaient démantelé une bombe à l'extérieur de l'église St Georges de Tanta, là où a eu lieu l’un des attentats de dimanche.
- En janvier et février, 7 chrétiens ont été tués par des extrémistes islamiques dans la ville d'Al-Arish dans la région du Sinaï, entraînant un exode de la population chrétienne (plus de 118 familles sur 160 sont parties).
- En février, le groupe État islamique a publié une vidéo dans laquelle ils expliquaient leur intention d'éradiquer les chrétiens coptes égyptiens et de "libérer Le Caire".
- Le 11 décembre 2016, un kamikaze s'est fait exploser à l'intérieur d'une église jouxtant la cathédrale copte au Caire, tuant 29 personnes.
Les attentats meurtriers de ce dimanche des Rameaux (49 morts) visant deux églises coptes en Égypte et revendiqués par le groupe État Islamique ont choqué mais n’ont surpris personne, alors que les menaces des extrémistes islamiques contre les chrétiens augmentent depuis plusieurs mois.
Pâques : un attentat par an depuis 3 ans
Les extrémistes islamiques utilisent les fêtes chrétiennes pour faire disparaitre toute présence et activité chrétienne. Leur message ne fait aucun doute : partez ou mourrez.
Pâques 2016 : Plus de 70 morts au Pakistan. Le dimanche 27 mars 2016, en pleine cérémonie de Pâques, un kamikaze taliban s’est fait exploser dans un parc proche du centre-ville de Lahore, alors que des chrétiens s’étaient réunis. Là encore l’attentat était prévisible.
Pâques 2015 : 148 morts au Kenya. Le jeudi 2 avril 2015, un massacre est perpétré à l'université de Garissa, dans le Nord-Est du Kenya, lors de la période de Pâques. Les étudiants sont triés selon leur confession, les chrétiens systématiquement tués. Le pays qui se plaçait en 43e place de l’Index Mondial de Persécution des Chrétiens en 2015 est désormais en 18e place.
Aider les chrétiens à rester malgré tout
Depuis plus d’un quart de siècle, de tels attentats, ainsi que l’extrémisme islamique et les guerres civiles ont entraîné l’exode massif des communautés entières de chrétiens qui sont parties des terres où elles vivaient depuis les premiers siècles.
« Portes Ouvertes salue le courage des chrétiens qui décident de rester malgré tout. Mais qu’est-ce qui est fait sur le plan international pour rassurer les chrétiens, garantir leur sécurité et montrer qu’on voudrait qu’ils puissent rentrer chez eux ? » demande Michel Varton, directeur de Portes Ouvertes.
Pour tenter d’enrayer cet exode et aider ceux qui décident de rester, Portes Ouvertes a lancé une campagne de pétition, « Espoir pour le Moyen-Orient » qui sera remise à l’ONU. Elle cible particulièrement les chrétiens du Moyen-Orient mais reflète aussi les aspirations de tous les chrétiens vivant dans le monde musulman : celles d’être reconnus et respectés dans leurs droits de rester là où leurs ancêtres ont vécu depuis des siècles.
« *Marronnier » : désigne un événement récurrent et prévisible dans le monde journalistique