C’est à la fin des années 80 que le christianisme a commencé à se répandre chez les Hmongs, un peuple minoritaire du Vietnam vivant dans la région des plateaux du Nord-Ouest et dans le Centre du pays. Des émissions radio en langue hmong produites depuis Manille ont généré « une transformation religieuse remarquable depuis les 30 dernières années », selon l’universitaire Seb Rumsby qui écrit dans la revue « The Diplomat ».

« Parmi le million de Hmongs, on compte 400 000 chrétiens et on ne peut plus ignorer les impacts sociaux, économiques et politiques de ce changement religieux – cela va de la persécution et des déplacements de population à des changements de style de vie et à des nouvelles relations hommes-femmes » explique Seb Rumsby.

Pression de la part du gouvernement

Le gouvernement exerce déjà une pression sur les Hmongs qu’il considère comme une menace à l’unité nationale. Quand ils sont chrétiens, les Hmongs sont en plus considérés comme des traîtres.

Face à ces changements, le gouvernement vietnamien a réagi en publiant une propagande anti-chrétienne et en renforçant sa politique de restriction qui rend pratiquement impossible l’enregistrement officiel d’une église.

Une nouvelle loi « sur les croyances et la religion » est en préparation. Elle risque de « renforcer la répression et exercer un contrôle plus resserré de l’église » selon Vo Tran Nhat, le secrétaire exécutif du Comité des Droits de l’Homme au Vietnam.

Pression de la part des autres Hmongs

Les chrétiens Hmongs sont aussi en bute avec les autres membres de leur ethnie, car ils sont considérés comme une menace à leur culture et tradition. Par exemple, ils s’abstiennent de boire de l’alcool. Or cette boisson est considérée comme un lien entre les hommes de la tribu. En plus, ils ne prennent plus part aux rituels et cérémonies issues du chamanisme.

Les chrétiens Hmongs vivent donc une double persécution, de la part du gouvernement et de la part des autres membres de leur tribu. Une situation qui parfois les met en grave danger.

Viol et fuite

Lorsque Thao*, son fils et sa belle-fille devinrent chrétiens en 2016, son plus jeune frère les dénonça aux autorités locales. Un jour, ce frère arriva chez Thao avec une foule. « Ils m’ont attaché avec une corde, après m’avoir fouetté six fois »,  se souvient Thao, « ils m’ont battu et amené au centre culturel du village pour me faire signer un document dans le but de renoncer à ma foi. »

Le secrétaire du centre menaça Thao afin qu’il renie sa foi sinon le gouvernement serait informé et lui et sa famille seraient rejettés du village.

Pendant que Thao recherchait un nouveau logement, son frère en a profité pour violer sa belle-fille. Il déclare qu’ils ont pardonné à ce frère mais ils ont décidé de fuir le village.

Expropriation

En avril dernier, peu après le passage à tabac de Thao, un autre chrétien du village, Vang*, fut la cible suivante. Il a été frappé si fort qu’il a perdu l’usage de son bras. Par la suite, une foule a détruit sa maison : le plafond en bois, les murs, les portes, les fenêtres… tout fut saccagé.

Selon lui, la destruction de sa maison avait pour but de donner un avertissement aux autres villageois afin qu’ils ne se tournent pas vers le christianisme. Il a décidé peu après de quitter lui aussi le village. Le gouvernement lui a fait savoir que ses terres et ses animaux seraient confisqués parce qu’il croyait en Dieu.


*les noms ont été changés pour cause de sécurité.