Les voix des enfants qui chantaient se sont tues. Ils ne pourront plus être accueillis dans ce local où, avec amour et patience, Wandi* et son épouse leur apprenaient la lecture, l’écriture et ces chants qu’ils aimaient tant. Leur centre d’accueil pour enfants des rues a dû fermer.

Pour le maire, ce couple influençait les enfants musulmans à travers des chants aux valeurs chrétiennes. Les parents ont réfuté ces accusations en disant que leurs enfants avaient au moins la chance d’être éduqués, mais l’édile a insisté : fermeture définitive ! Un fonctionnaire a même ajouté : « Les chrétiens ne sont pas dignes d’enseigner des musulmans. »

Un couple dévoué

C’est en voyant ces enfants traîner dans les rues du village, faute de moyens d’être scolarisés, que Wandi et sa femme ont pris cette initiative. Ils ont mis un local à leur disposition pour leur apprendre à lire et à écrire gratuitement. « Maintenant ces enfants savent lire et écrire. Ils savent dire s’il vous plaît et merci quand on les aide », dit fièrement Wandi. La politesse acquise par les enfants a eu un fort impact sur leurs parents. Ceux-ci sont d’autant plus attristés par cette fermeture, sachant que leurs enfants vont à nouveau être livrés à eux-mêmes.

Wandi, qui est médecin, et sa femme d’origine chinoise ont décidé de rester malgré l’hostilité de certains habitants du village. « Notre vie quotidienne est de leur montrer de la compassion et de la gentillesse. Ce sont des clés pour que cette communauté s’ouvre à l’Évangile », confie Wandi.

Violences anti-chrétiennes

En Indonésie, les chrétiens peuvent être la cible d’agressions violentes et les enfants en font parfois les frais. Le 13 novembre 2016, des cocktails Molotov lancés dans la cour d’une église ont sévèrement brûlé quatre jeunes enfants. Le décès de la petite Intan (2 ans) le lendemain avait fortement traumatisé la communauté. Alvaro (4 ans) qui a subi 17 opérations et les autres enfants se remettent de leurs blessures, entourés de leurs parents et des médecins.

*Pseudonyme